#FierdeTroyes (5)
Cette 5e campagne, consacrée cette fois à la ville de Troyes, met toujours en avant des Troyen(ne)s de naissance ou d’adoption, fier(e)s de leur ville, qui ont choisi cette fois de s’exprimer dans le domaine artistique.
Les recherches menées pour élaborer cette campagne permettent d’en imaginer d’autres sur le même thème tant les talents de ceux qui font Troyes et qui sont Troyes sont nombreux !
Danse, musique, image ou spectacles… Partez aujourd’hui à la découverte de 5 belles personnes photographiées hors de leur univers habituel dans 5 lieux essentiels de notre territoire !
Parce que depuis octobre 2018, c’est ce décalage et l’humanité de ceux qui ont accepté d’être les ambassadeurs de notre territoire que nous avons souhaité mettre en scène afin de montrer la singularité de la ville de Troyes et de l’agglomération de Troyes Champagne Métropole alternativement.
Parce que cette fierté d’être Troyen(ne) est une valeur commune qui ose depuis s’affirmer (et s’afficher !), n’hésitez pas à partager le #FierdeTroyes !
Et si vous ne connaissez pas encore notre territoire et ses richesses, tant humaines que patrimoniales ou touristiques, voici au moins 5 bonnes raisons de vous laisser surprendre !
Émile Phélizot, réalisateur - Piscine Lucien-Zins
Qui es-tu ?
« Émile Phelizot, 18 ans, jeune réalisateur. Le rêve de faire du cinéma, de raconter des histoires m’est tombé dessus à 14 ans.
Curieux du cinéma et ses différents métiers notamment grâce à l’option audiovisuelle du collège Gaston Bachelard à Bar-sur-Aube, j’ai débarqué sur un plateau de tournage qui se tournait dans la région. Petit stagiaire de 14 ans, j’avais la pression.
Au départ, j’étais sur ce tournage pour seulement 3 jours. Ils m’ont gardé pendant les 30 jours de tournage. Le réalisateur m’a rappelé pour cadrer son nouveau long-métrage, et de fil en aiguille, j’ai rencontré Claude Lelouch. Maintenant je suis dans son école.
À 16 ans, il m’a offert l’opportunité d’y entrer en ayant vu l’un de mes courts métrages.
Aujourd’hui, je fais tout mon possible pour me faire une place dans ce milieu pour vivre un jour de ma passion. »
Comment définis-tu ton activité de réalisateur ? Quel est ton style ? Qu’aimes-tu transmettre ?
« Hors films événementiels ou institutionnels, je réalise des courts métrages de fiction. Le style change en fonction de chaque film, mais je dirais que je filme l’humain, à travers ses qualités, mais aussi ses défauts. Souvent des sujets de société, des histoires simples. On peut réussir à toucher les spectateurs en ajoutant la vérité de la vie et la spontanéité de l’Homme. J’aime le fait de voir un film et de se laisser complètement emporter pendant une, deux heures pour enfin sortir de la salle et ne rien dire ou peut-être « Waouh ». C’est mon but. »
De quoi es-tu le plus fier ?
« De mes parents. Ça fait cliché mais j’ai la chance d’avoir des parents qui me soutiennent malgré ce milieu « difficile ». Ma mère voulait que je sois avocat ou médecin mais elle a mis ses rêves de côté pour écouter les miens. Les Mamans…
C’est important de se sentir soutenu par ses proches, c’est une force invisible qui vous retient lorsque vous tombez. »
Quel est ton lien avec Troyes ?
« J’ai grandi non loin de Troyes à Bar-sur-Aube. Maintenant mes parents se sont installés à Troyes en ouvrant le restaurant Chez Daniel’s. Je découvre petit à petit cette ville d’Art. J’ai hâte de tourner une histoire dans ces décors et suis charmé par l’amabilité des gens. »
Pourquoi as-tu accepté de faire cette campagne ?
« Je trouve ça génial de découvrir les Troyens à travers leurs différentes passions/métiers. »
As-tu une anecdote sur le shooting ?
« C’est drôle de se retrouver devant l’objectif et d’être dirigé. On peut dire que j’ai mouillé ma chemise ! »
Peux-tu donner 3 mots qui définissent la ville de Troyes ?
« Arts, terroir et cinématographique. »
Qu’as-tu envie de dire aux personnes qui te lisent ?
« Je vous souhaite de vous épanouir dans vos loisirs/métiers comme je le suis et « Souriez, vous êtes filmés » ! »
Le lieu : la piscine Lucien-Zins
Les premières piscines apparaissent en France dans les années 1920-1930.
Les bains-douches du Vouldy, désormais piscine Lucien-Zins sont nées de la mobilisation des sportifs troyens. En effet, si en avril 1929, le conseil municipal avait délibéré une première fois sur la création d’un établissement de bains-douches avec lavoir entre le quai Lafontaine, le quai Saint-Dominique et la Rue du Cloître Saint-Etienne, à l’emplacement de l’ancienne usine élévatoire des eaux du canal, dès juin 1929, les quarante-cinq sociétés sportives troyennes demandent la création simultanée d’une piscine. Avec trois sociétés de natation pratiquant dans les Bains disposés dans les bras de Seine, Troyes dispose d’un important potentiel de nageurs.
La construction de bains-douches, d’un bassin, d’un lavoir, d’une buanderie, de 180 cabines de déshabillage et d’un labyrinthe hydraulique permettant aux nageurs accédant au bassin de se savonner et de se rincer est actée en 1930.
Le 4 septembre 1934, le premier coup de pioche de l’établissement hydrothérapique à la ligne architecturale avant-gardiste pour l’époque, mêlant briques rouges de Champigny, grandes surfaces vitrées et verrières en toiture, est donné.
Son architecture s’inspirant des piscines Molitor à Paris et Talleyrand à Reims, signée par Monsieur Lévrier, s’apparente au mouvement moderne des équipements construits dans l’entre-deux-guerres Après dix mois de travaux, la piscine est inaugurée par le maire, René Plard, le 29 juin 1935.
Première piscine française à être dotée de plots de départs, les cabines y sont réparties sur deux passerelles surplombant le bassin, avec rambardes et bastingages. Les baigneurs passent par un labyrinthe d’eau chaude avant de plonger dans le bassin. Le modique coût de l’entrée garantit une accessibilité aux plus modestes.
Vivier de champions
En 1936, quelques mois seulement après la construction de la piscine municipale, Lucien Zins se fait remarquer avec un premier titre de champion de France cadet au 100 m dos. En 1939, à seulement 17 ans, il détient les records de France du 100 m, 200 m et 400 m dos, chaque performance ayant été accomplie dans la piscine troyenne.
Alors que la piscine est réquisitionnée durant l’Occupation par l’armée française puis par l’armée allemande en juillet 1940, aucun titre ne lui échappera… ou presque.
Ainsi, en juillet 1943 alors que sous la pression allemande, la Fédération doit refuser la participation d’un nageur d’origine juive, Artem Nakache, Lucien Zins décide par solidarité de ne pas défendre son titre sur 100 m dos alors qu’il s’est rendu à Toulouse à bicyclette. Sa rébellion lui vaudra d’être suspendu pendant une année.
Six fois champion de France du 100 m dos entre 1939 et 1950, il est le premier nageur troyen à participer aux Jeux Olympiques de Londres en 1948.
Il représentera également la France aux Jeux d’Helsinki en 1952.
La piscine troyenne est devenue le théâtre d’exploits retentissants.
Le début des années 1950 marque en effet l’émergence d’un autre nageur spécialiste du dos : Gilbert Bozon. Après les Jeux Olympiques d’Helsinki où il obtient la médaille d’argent sur 100 m dos, le 26 décembre 1952, il bat le record du monde du 100 m dos, seul face au chronomètre. Le Troyen bat cette même année, toujours à Troyes, le Record du monde du relais 3 x 100 m, trois nages avec Alex Jany et Maurice Lusien, ses deux coéquipiers de l’équipe de France. Il obtient son premier titre international aux championnats d’Europe à Turin en 1954 sur 100 m dos.
Il bat pour la seconde fois à la piscine du Vouldy le record du monde du 100 m dos le 27 février 1955 et est sacré six fois champion de France au 100 m dos de 1951 à 1956. D’autres nageurs se distinguent. Gérard Coignot, autre spécialiste du dos, est à neuf reprises vice-champion de France du 100 m derrière Gilbert Bozon. Il honore quinze sélections en équipe de France pendant sa carrière. Jacques Collignon remporte quant à lui le titre du 200 m nage-libre en 1957 et du 800 m en 1958, et est appelé à dix-huit reprises en sélection nationale.
Avec Gilbert Bozon, Gérard Coignot et Jacques Collignon, le Troyes Olympique Natation (TON) aligne trois nageurs aux Jeux Olympiques de Melbourne, performance inégalée à ce jour. Leur entraîneur n’est autre que Lucien Zins, devenu responsable des équipes de France. Souhaitant préparer au mieux ses trois nageurs pour les épreuves en bassin Olympique, il aménage dans une gravière une ligne d’eau de 50 m avec des traverses de chemin de fer.
Le bassin d’apprentissage sera ajouté en 1967.
En 1995, la Ville de Troyes engage une lourde réhabilitation intérieure de l’établissement. Les bains douches disparaissent définitivement.
En hommage au sportif et entraîneur de haut niveau qu’il fût, la Piscine du Vouldy qu’il fréquenta pendant près de 25 ans, se nomme depuis septembre 2007, Piscine Lucien-Zins. La piscine Lucien-Zins est l’une des rares piscines des années 30 hors Paris encore en service ; elle a servi plusieurs fois pour des tournages.
Pour en savoir plus : www.vpah-troyes.fr/842-les-publications.htm
Aurane Denaux, artiste de Pole dance - Un loft de la rue Bégand
Qui es-tu ?
« Je m’appelle Aurane, j’ai 30 ans, je suis passionnée de sport, enseignante et gérante d’un studio dédié à l’enseignement de la Pole Dance. (Pole Dance Troyes) ».
Comment définis-tu ton activité ? Qu’aimes-tu transmettre ?
« Mon activité est aérienne. C’est un mélange de force, de grâce et de souplesse. Une discipline qui donne du challenge et qui nous rend plus fort (physiquement et mentalement), car on arrive à réaliser des choses dont on ne se sentait pas capable, moi la première !
Ce que j’aime le plus, c’est transmettre ma passion pour cet art.
Partager, voir évoluer, le tout dans la plus grande bienveillance. Apporter ma contribution dans le développement de chacun, pour qu’il se sente mieux, c’est quelque chose d’unique. Je pense que nous sommes ici pour apporter et partager autour de nous, peu importe le domaine. »
Quelle est la chose dont tu es la plus fière ?
« D’avoir créé mon école il y a presque 3 ans désormais. Une expérience qui m’apporte chaque jour ! Je suis fière d’avoir osé me lancer, ce projet était comme « écrit » en moi. »
Quel est ton lien avec Troyes ?
« Je suis originaire de Bourgogne (Sens), Troyes fait partie de mon enfance, car petite j’y venais avec mes grands-parents, nous y faisions les magasins d’usines. Une partie de ma famille réside dans l’Aube, ils sont restaurateurs à Sainte-Maure. J’y ai passé de nombreux week-end !
Ouvrir mon école à Troyes était une évidence pour moi, j’ai répondu à une demande forte et très honnêtement, si c’était à refaire, je foncerais ! »
Pourquoi as-tu accepté de faire cette campagne ?
« Cette campagne représente beaucoup. Elle met en valeur notre magnifique ville/territoire, ainsi que ses acteurs, sous tous leurs aspects. La multiplicité des profils, activités, lieux, m’ont tout de suite convaincu. J’ai accepté cette campagne car elle est en totale adéquation avec l’image que je souhaite apporter à ma discipline. De plus, n’étant pas originaire de Troyes je suis très touchée par l’accueil bienveillant de toutes les personnes que j’ai pu rencontrer, c’est un bonheur de vivre et travailler ici. »
As-tu une anecdote sur le lieu où s’est déroulée la prise de vue ?
« Nous avons réalisé le shooting photo dans un magnifique Loft rue Bégand, je dois avouer que dans cette discipline, avoir l’air « détendue » en plein mouvement de force n’est pas mince affaire. J’en garde un excellent souvenir, avec Sophie et Nicolas qui savent donner le sourire ! »
Peux-tu donner 3 mots qui définissent la ville de Troyes ?
« Charmante, accueillante, historique. »
Qu’as-tu envie de dire aux personnes qui te lisent ?
« De venir à Troyes ! J’ai habité différentes villes et je dois avouer que c’est le parfait compromis entre le dynamisme et la tranquillité. Et de venir essayer la Pole Dance, car c’est un vrai moment sportif inoubliable J . »
Le lieu : un loft de la rue Bégand
La rue Bégand regroupe aujourd’hui de nombreux lofts, agences de communication ou d’architecture… témoins de la valorisation du passé industriel de la ville. Dans les années 70, Troyes a en effet compté jusque 25 000 ouvriers dans la filière textile, notamment en bonneterie. Si elle est le berceau de grandes marques (Petit Bateau, Dim, Lacoste…) dont certaines produisent encore sur place, les friches industrielles laissées par le déclin de l’industrie textile des années 90 ont été réinvesties en bureaux et logements.
Celui dans lequel la photo a été prise est sur le site de l’ancienne usine Bonbon.
« L’usine de bonneterie Bonbon est créée à partir de 1881-1882 par les époux Georges Bonbon (1847-1899) et Sourdat. Bonbon se spécialise dans les articles confectionnés de qualité qu’il exporte vers l’Afrique du Nord et le Levant.
Les “articles Bonbon” sont connus à l’étranger, notamment aux États-Unis, où la maison exporte une importante partie de sa fabrication. Le fonds social de l’entreprise atteint 1 00 000 de francs en 1899. Georges Bonbon est aussi aux origines de la Villa Courtalon, ensemble de maisons bourgeoises remarquables et de l’implantation des Magasins Réunis à Troyes.
L’œuvre de Georges Bonbon est poursuivie par son fils adoptif, Louis Bonbon, époux de Juliette Lebocey, fille du fabricant de métiers.
Son usine regroupe toute la filière maille. Avant 1914, elle est l’une des plus importantes de Troyes. Un millier d’ouvriers et d’ouvrières travaillent pour Bonbon, tant à Troyes que dans différents dépôts. Louis Bonbon est avec Valton (Petit Bateau) l’un des premiers à posséder une marque : Elbé, nom forgé avec ses initiales. Le groupe Devanlay rachète l’usine Bonbon en 1960 et y produit les pulls Lacoste. Elle ferme ses portes en 1994.
L’usine Bonbon est constituée de bâtiments de pierre, brique et fer, organisés autour de cours intérieures qui petit à petit sont occupées par de nouveaux ateliers. Quatre longs ateliers construits avant 1914 cohabitent avec des ateliers érigés au cours des années 1920-1930. Ils ont un ou deux étages et un entresol. Les façades de pierre et de brique sont animées par des baies en plein cintre. Les toitures sont rehaussées aux pignons.
Devanlay cède le site au groupe Opac/Siaba en 1999 qui le transforme en centre d’activités tertiaires à partir de 2002 sous le nom d’Espace Bégand. La réhabilitation reconquiert les cours intérieures, dégage les bâtiments principaux et restitue la façade donnant sur la rue Bégand. Un patio central, réalisé au milieu des ateliers, apporte la lumière, dédensifie les lieux et dessert les plateaux.
Le site accueille des bureaux, dont ceux de l’agence des Bâtiments de France. De fin 2005 à fin 2009, les deux tranches situées au nord et au sud-ouest sont reconverties en logements et espaces tertiaires. »
Merci à Jean-Louis Humbert, agrégé d’histoire et spécialiste de l’époque industrielle troyenne.
Pour en savoir plus : Gilles Alves, Corado Binel, Jean-Louis Humbert et Xavier de Massary, Patrimoine industriel de l’Aube, Reims/Langres, CRDP/Guéniot, 2004.